28 juin 1919: traité de Versailles et création de la SDN
Durant les six premiers mois de 1919, des diplomates représentant les puissances victorieuses se réunissent à Paris pour conduire les négociations qui doivent mettre un terme à la Grande Guerre. Le 28 juin est signé un premier traité de paix avec l'Allemagne, suivi de quatre autres avec l'Autriche (10 septembre 1919), la Bulgarie (27 novembre 1919), la Hongrie (4 juin 1920), et la Turquie (10 août 1920). La date du 28 juin fut retenue en souvenir de l'attentat de Sarajevo, cinq ans plus tôt. Le choix de la Galerie des Glaces du château de Versailles pour la signature du traité rappelle, quand à lui, la proclamation du Reich allemand, au même endroit, en 1871.
Le 18 janvier 1919, jour d'anniversaire du couronnement de Guillaume Ier en 1871, les négociations de paix ont commencé. Dans le somptueux salon du Quai d'Orsay, se retrouvent les délégués des 27 pays vainqueurs autour du président du Conseil français et du président Wilson. Les Russes n'ont pas été conviés, en raison de l'instabilité politique qui règne dans leur pays et parce que Clémenceau considère qu'ils ont trahi la cause des Alliés pendant la guerre; les pays vaincus non plus, malgré les changements de régime en Allemagne et en Autriche. En rupture avec les usages diplomatiques, la conférence de la paix n'est donc en fait que celle des vainqueurs.
Le sort de l'Allemagne est au cœur des débats. Les Alliés sont persuadés que c'est la mobilisation austro-hongroise, encouragé par Berlin, qui a provoqué la guerre. Tous s'accordent pour accabler Guillaume II.
De tous les articles du traité de Versailles, ce sont les articles 231 et 232 qui résument le mieux la pression morale exercée sur les puissances vaincues: "Les gouvernements alliés et associés déclarent, et l'Allemagne reconnait, que l'Allemagne et ses alliés sont responsables, pour les avoir causés, de toutes les pertes et de tous les dommages subis par les gouvernements alliés et associés et leurs nationaux en conséquence de la guerre qui leur a été imposée par l'agression de l'Allemagne et de ses alliés" (article 231). D'où l'engagement de réparations aux populations civiles des régions envahies et occupées, aux prisonniers de guerre alliés, aux victimes militaires de la guerre (article 232). En Allemagne, ces deux articles cristallisent l'hostilité de la classe politique et d'une grande partie de la population, qui refuse d'assumer le poids moral du conflit. Le 7 mai 1919, l'Allemagne reçoit les conditions du traité. Ses contre-propositions sont refusées. Le 16 juin, le gouvernement est remis au gouvernement allemand, qui doit les signer sous cinq jours. Gustav Bauer, successeur du chancelier Scheidemann, qui est contraint de la signer, sous la menace d'une reprise des hostilités.
Les "quatorze points" de Wilson rejetaient toute idée d'une paix de vengeance, et les Alliés avaient pris l'engagement d'en faire la base des négociations de paix. Pourtant, les clauses du traité de Versailles mettent bien en œuvre un démantèlement méthodique de la puissance allemande. L’Allemagne perd près de 70.000 km², notamment l'Alsace, la Lorraine, une partie du Schleswig, et toutes ses colonies (article 119). Des plébiscites sont prévus dans le sud de la Prusse-Orientale et en Haute-Silésie, où éclatent des troubles entre Allemands et Polonais. Afin de donner à la Pologne un accès à la mer, le territoire allemand est séparé en deux par la création du couloir de Dantzig. Militairement, l'Allemagne n'existe plus: une armée de 100.000 hommes, sans état-major, sans école militaire, sans artillerie lourde, ni aviation, ni tanks. La rive gauche du Rhin ainsi que des têtes de pont sur la rive droite sont occupées par les armées alliées. Le montant des réparations n'est arrêté que pour une partie. Le 1er mai 1921, le montant définitif est fixé à 132 milliards de marks-or.
Par ailleurs, les 440 articles du traité de Versailles ne se contentent pas de préciser le nouveau statut de l'Allemagne. Dans la lignée des "quatorze points" du président Wilson, l'objectif est aussi de faire écho aux aspirations nationales exprimées au lendemain du conflit, de restaurer de nouveaux États ou d'ne créer de nouveaux. Les cartes de l'Europe et du Moyen-Orient sont redessinées. Sur les décombres des quatre Empires allemand, austro-hongrois, russe et ottoman naissent (ou renaissent) des États: la Tchécoslovaquie, la Pologne reconstituée, le Royaume des Serbes,Croates et Slovènes (futur Yougoslavie).
Au sommet de l'édifice, des structures permanentes, la Société des Nations (SDN) et le Bureau international du travail (BIT), incarnent l'ambition wilsonienne de créerr un ordre mondial nouveau et de prévenir les guerres éventuelles. Mais d'emblée, la marge de manœuvre de la SDN est réduite: son règlement impose que presque toutes les décisions soient prises à l'unanimité; elle ne dispose d'aucune force armée. Et pour comble, sa création se trouve rejetée par le Congrès américain, qui refuse de ratifier le traité de Versailles, le 19 mars 1920. Dans l'entre-deux-guerres, la SDN va cependant jouer un rôle significatif dans le développement du champ humanitaire et l'Organisation internationale du travail, dans la coopération économique et sociale.
Humiliée, l'Allemagne n'aspirera qu'à la revanche. Une nouvelle guerre se prépare, que l'on pensait écarter.
Le 18 janvier 1919, jour d'anniversaire du couronnement de Guillaume Ier en 1871, les négociations de paix ont commencé. Dans le somptueux salon du Quai d'Orsay, se retrouvent les délégués des 27 pays vainqueurs autour du président du Conseil français et du président Wilson. Les Russes n'ont pas été conviés, en raison de l'instabilité politique qui règne dans leur pays et parce que Clémenceau considère qu'ils ont trahi la cause des Alliés pendant la guerre; les pays vaincus non plus, malgré les changements de régime en Allemagne et en Autriche. En rupture avec les usages diplomatiques, la conférence de la paix n'est donc en fait que celle des vainqueurs.
Le sort de l'Allemagne est au cœur des débats. Les Alliés sont persuadés que c'est la mobilisation austro-hongroise, encouragé par Berlin, qui a provoqué la guerre. Tous s'accordent pour accabler Guillaume II.
De tous les articles du traité de Versailles, ce sont les articles 231 et 232 qui résument le mieux la pression morale exercée sur les puissances vaincues: "Les gouvernements alliés et associés déclarent, et l'Allemagne reconnait, que l'Allemagne et ses alliés sont responsables, pour les avoir causés, de toutes les pertes et de tous les dommages subis par les gouvernements alliés et associés et leurs nationaux en conséquence de la guerre qui leur a été imposée par l'agression de l'Allemagne et de ses alliés" (article 231). D'où l'engagement de réparations aux populations civiles des régions envahies et occupées, aux prisonniers de guerre alliés, aux victimes militaires de la guerre (article 232). En Allemagne, ces deux articles cristallisent l'hostilité de la classe politique et d'une grande partie de la population, qui refuse d'assumer le poids moral du conflit. Le 7 mai 1919, l'Allemagne reçoit les conditions du traité. Ses contre-propositions sont refusées. Le 16 juin, le gouvernement est remis au gouvernement allemand, qui doit les signer sous cinq jours. Gustav Bauer, successeur du chancelier Scheidemann, qui est contraint de la signer, sous la menace d'une reprise des hostilités.
Les "quatorze points" de Wilson rejetaient toute idée d'une paix de vengeance, et les Alliés avaient pris l'engagement d'en faire la base des négociations de paix. Pourtant, les clauses du traité de Versailles mettent bien en œuvre un démantèlement méthodique de la puissance allemande. L’Allemagne perd près de 70.000 km², notamment l'Alsace, la Lorraine, une partie du Schleswig, et toutes ses colonies (article 119). Des plébiscites sont prévus dans le sud de la Prusse-Orientale et en Haute-Silésie, où éclatent des troubles entre Allemands et Polonais. Afin de donner à la Pologne un accès à la mer, le territoire allemand est séparé en deux par la création du couloir de Dantzig. Militairement, l'Allemagne n'existe plus: une armée de 100.000 hommes, sans état-major, sans école militaire, sans artillerie lourde, ni aviation, ni tanks. La rive gauche du Rhin ainsi que des têtes de pont sur la rive droite sont occupées par les armées alliées. Le montant des réparations n'est arrêté que pour une partie. Le 1er mai 1921, le montant définitif est fixé à 132 milliards de marks-or.
Par ailleurs, les 440 articles du traité de Versailles ne se contentent pas de préciser le nouveau statut de l'Allemagne. Dans la lignée des "quatorze points" du président Wilson, l'objectif est aussi de faire écho aux aspirations nationales exprimées au lendemain du conflit, de restaurer de nouveaux États ou d'ne créer de nouveaux. Les cartes de l'Europe et du Moyen-Orient sont redessinées. Sur les décombres des quatre Empires allemand, austro-hongrois, russe et ottoman naissent (ou renaissent) des États: la Tchécoslovaquie, la Pologne reconstituée, le Royaume des Serbes,Croates et Slovènes (futur Yougoslavie).
Au sommet de l'édifice, des structures permanentes, la Société des Nations (SDN) et le Bureau international du travail (BIT), incarnent l'ambition wilsonienne de créerr un ordre mondial nouveau et de prévenir les guerres éventuelles. Mais d'emblée, la marge de manœuvre de la SDN est réduite: son règlement impose que presque toutes les décisions soient prises à l'unanimité; elle ne dispose d'aucune force armée. Et pour comble, sa création se trouve rejetée par le Congrès américain, qui refuse de ratifier le traité de Versailles, le 19 mars 1920. Dans l'entre-deux-guerres, la SDN va cependant jouer un rôle significatif dans le développement du champ humanitaire et l'Organisation internationale du travail, dans la coopération économique et sociale.
Humiliée, l'Allemagne n'aspirera qu'à la revanche. Une nouvelle guerre se prépare, que l'on pensait écarter.