31 mars 1905 - 1er juillet 1911 : du coup de Tanger au coup d’Agadir, la Crise marocaine
La France lorgne sur le sultanat voisin de l’Algérie, l’un des derniers pays indépendant d’Afrique. L’"Entente cordiale" de 1904 entre la France et la Grande-Bretagne accepte le principe d’un protectorat français sur le Maroc. Guillaume II, qui veut aussi une part de conquêtes coloniales pour l’Allemagne et pour rappeler ses prétentions au Maghreb (Weltpolitik), débarque à Tanger et assure le sultan Moulay Abd al-Aziz de son appui face à la menace française. Le coup de Tanger débouche du 16 janvier au 7 avril 1906 à la conférence internationale d’Algésiras (Espagne). Elle confirme l’indépendance du sultanat, mais rappelle le droit d’accès de toutes les entreprises commerciales occidentales à son marché. L'Allemagne s'y voit reconnaître un droit de regard sur les affaires marocaines, alors que la France et l'Espagne obtiennent des droits particuliers sur le Maroc en matière de police et de banque. En 1907, un massacre d’européens dans le port de Casablanca justifie l’envoi de troupes françaises qui occupent le port et sa région. En septembre 1908, de nouvelles tensions se créent lorsque des agents consulaires allemands aident des soldats de la Légion étrangère à déserter. En avril 1911, suite à une tentative de
Illustration du Petit Journal, 19 novembre 1911
renversement du sultan, les Français occupent les grandes villes marocaines. L’Allemagne, qui voit dans cette intervention une violation des accords d’Algésiras, envoie la canonnière "Panther" à Agadir sous prétexte de protéger les entreprises de la région. Le Premier ministre britannique Lloyd George affirme sa solidarité avec Paris le 1er juillet 1911, à la grande surprise de Guillaume II. Une guerre est sur le point d’éclater.
Le Président du Conseil Caillaux parvient à négocier un traité franco-allemand le 4 novembre 1911, avec échange de territoires en Afrique équatoriale (Cameroun). Quant à l’Allemagne, elle concède à la France une totale liberté d’action au Maroc. L’apaisement est ressenti en France et dans le Reich comme une lâche concession à l’ennemi. Joseph Caillaux doit céder le pouvoir à Raymond Poincaré. Le protectorat de la France sur l’empire chérifien est officialisé le 30 mars 1912 à Fès. La France contrôle tout le Maghreb. Le général Lyautey, nommé "Résident général" auprès du sultan entreprend la soumission des tribus rebelles. Il exerça cette fonction durant treize ans, démissionnant le 24 septembre 1925, pour marquer son désaccord avec le maréchal Pétain quant à la conduite à tenir face à l’insurrection du Rif. Le "traité de Fès", par lequel le sultan Abd al-Hafid abandonne la souveraineté du Maroc à la France et l'Espagne, faisant du pays un protectorat, est signé le 30 mars 1912. Il autorise des « occupations militaires du territoire marocain » que le gouvernement français jugerait nécessaires au maintien de l’ordre et de la sécurité des transactions commerciales. Le traité de Fès fut supprimé de fait le 2 mars 1956, quand la France reconnut l’indépendance du Maroc.
Illustration du Petit Journal, 19 novembre 1911
renversement du sultan, les Français occupent les grandes villes marocaines. L’Allemagne, qui voit dans cette intervention une violation des accords d’Algésiras, envoie la canonnière "Panther" à Agadir sous prétexte de protéger les entreprises de la région. Le Premier ministre britannique Lloyd George affirme sa solidarité avec Paris le 1er juillet 1911, à la grande surprise de Guillaume II. Une guerre est sur le point d’éclater.
Le Président du Conseil Caillaux parvient à négocier un traité franco-allemand le 4 novembre 1911, avec échange de territoires en Afrique équatoriale (Cameroun). Quant à l’Allemagne, elle concède à la France une totale liberté d’action au Maroc. L’apaisement est ressenti en France et dans le Reich comme une lâche concession à l’ennemi. Joseph Caillaux doit céder le pouvoir à Raymond Poincaré. Le protectorat de la France sur l’empire chérifien est officialisé le 30 mars 1912 à Fès. La France contrôle tout le Maghreb. Le général Lyautey, nommé "Résident général" auprès du sultan entreprend la soumission des tribus rebelles. Il exerça cette fonction durant treize ans, démissionnant le 24 septembre 1925, pour marquer son désaccord avec le maréchal Pétain quant à la conduite à tenir face à l’insurrection du Rif. Le "traité de Fès", par lequel le sultan Abd al-Hafid abandonne la souveraineté du Maroc à la France et l'Espagne, faisant du pays un protectorat, est signé le 30 mars 1912. Il autorise des « occupations militaires du territoire marocain » que le gouvernement français jugerait nécessaires au maintien de l’ordre et de la sécurité des transactions commerciales. Le traité de Fès fut supprimé de fait le 2 mars 1956, quand la France reconnut l’indépendance du Maroc.